Le Rempotage

Le Rempotage Par Fred Dagonneau

Ceci n’est qu’une petite ébauche conçernant le rempotage et ne trace que les grandes lignes. Les cas particuliers relatifs aux différentes espèces, aux climats, aux mélanges terreux, au stade d’évolution de l’arbre étant tellement nombreux et différents, je pense que seul l’expérience et la discussion peuvent apporter des réponses supplémentaires.

Le rempotage est une opération nécessaire pour la survie de nos arbres. Sommairement, elle consiste à renouveler le mélange terreux ainsi qu’à réduire, renforcer ou renouveler le pain raçinaire. Le rempotage a différents buts qui sont principalement liés au « degré » auquel se trouve l’arbre. En effet, suivant son stade de culture, le contenant ainsi que le mélange terreux de l’arbre seront différents. Le choix du pot est ici abordé en rapport à sa culture et non par rapport à l’esthétique.

Nous avons souvent tendance à mettre de suite l’arbre dans son pot « définitif » en oubliant ses besoins et son degré dévolution. Souvent trop pressé de bien faire, on oublie qu’avant tout, l’arbre à besoin d’avoir un bon système racinaire, a besoin d’ avoir développer un tronc assez gros et représentatif de son espèce, à avoir des branches maîtresses et secondaires bien établies, avec une jolie ramification fine.

J’ai malheureusement fait souvent l’expérience de mettre un arbre trop « jeune » dans un petit pot. Sa croissance est vraiment ralentie et le processus de développement rendu beaucoup plus lent.


Sujet issu d’un prélèvement et donc destiné à la reprise de l’arbre:

Une fois les grosses racines coupées et l’arbre ramené à la maison, il faut qu’il se repose et reprenne des forces. Nous le placerons donc dans un pot assez grand et profond, retenant bien l’humidité mais pas l’eau pour que l’arbre reprenne.

Il sera laissé ainsi deux ans minimums, en attendant une très bonne vigueur.

Conteneur de culture de différentes tailles et formes suivant que l’on voudra faire pousser l’arbre ou bien le faire se ramifier.

Un pot grand et un peu profond servira à faire « pousser » l’arbre, à favoriser son développement, à faire grossir son tronc ou ses branches primaires. Ceci surtout pour des plants de pépinières ou semis etc…

Un pot plus plat mais tout de même assez grand, dans un mélange drainant plus fin encore permettra à l’arbre de créer

un jeu racinaire plus fin et divisé créant ainsi une meilleure ramification, fine et nombreuse avec des entre nœuds

plus courts.


Sujet « âgé » et déjà bien établi que l’on mettra dans son pot "définitif":

Un pot à la forme, aux dimensions, à la couleur correspondante à l’espèce, ou au style établi de l’arbre servira lorsque ce dernier est arrivé à maturité, est prêt à être exposé.

Période et fréquence du rempotage

D’une manière générale le rempotage s’effectue au printemps, juste avant le départ de la végétation. Cependant, pour les espèces

à fleurs et à fruits, le rempotage est effectué après la floraison.

Suivant le climat, un rempotage début d’automne peut être effectué surtout sur les conifères.

Plus l’arbre est âgé, et donc travaillé, plus on espace les rempotages et plus le mélange serra fin mais jamais compact. On rempotera les jeunes plants tous les ans, les arbres de 10 ans tous les deux trois ans, les sujets plus mature moins souvent. Tout cela évidemment suivant le mélange terreux choisi et dans le cas ou l’arbre se développe et se trouve en bonne santé.

D’une manière générale, lors de l’arrosage, l’eau doit s’écouler assez rapidement par les trous de drainage, si elle stagne sur la surface du pot, que la terre ne l’aspire pas, il faut rempoter.

L'importance des radicelles

Avant tout, le bonsaï est un arbre en pot, ces conditions de cultures sont donc différentes de celles en pleine terre.

Tout d’abord les racines jouent un rôle primordial pour l’arbre, elles le nourrissent. Elles transmettent les éléments nutritifs donnés par l’eau et les divers engrais apportés à l’arbre.

De plus les racines sont la face cachée du feuillage, un peu comme l’iceberg. Une ramification fine et multiple sera favorisée par un système racinaire abondant, petit et « ramifié ». Les racines sont le reflet des branches.

Dans le système racinaire, les longues racines, grosses et très développées ne servent pas à nourrir l’arbre, mais transportent les nutriments depuis leur départ ou ce situe de fines petites radicelles, le « chevelu ». Ces grosses racines, horizontales ou pivotantes, servent essentiellement a « accrocher » l’arbre au sol, à le maintenir droit et stable.

En bonsaï, nous chercherons donc à supprimer ses grosses racines qui envahissent le pot sans rien apporter à l’arbre, tout en favorisant le développement du chevelu fin et fourni qui serra le plus proche possible du tronc. Nous parlons biensur des racines se trouvant sous le niveau du sol et non du « nébari » de l’arbre qui lui, au-dessus de la surface nécessite au contraire des racines plus épaisses et formées, créant une impression de stabilité, de naturel ou de force à notre petit arbre.


Le mélange terreux

Pour que les racines puissent se développer, se diviser formant ainsi des radicelles fines et par conséquent mieux nourrir l’arbre et lui donner une ramification fine, il faut que le mélange terreux soit aéré et drainant. Mais il doit aussi retenir l’eau d’arrosage, qu’il puisse stoker les nutriments et les distribuer à l’arbre à la demande. Le mélange doit cependant être assez « dure » de manière à bien stabiliser l’arbre. Il doit être sain, propre et neutre, de manière à mieux gérer la vie de l’arbre. Neutre par rapport au dosage d’engrais, Sain par rapport aux maladies, propre par rapport à la fine poussière qui, à la longue, descend au fond du pot, bouchant les trous d’évacuation, empêchant l’eau de s’évacuer et provocant la pourriture des racines.

N’oublions pas le facteur esthétique du mélange terreux à la surface du pot, important pour l’arbre mis en pot définitif et en conditions de présentation.

Evidemment suivant la variété de l’arbre, suivant le climat ou l’on élève son arbre, le mélange serra modifié, adapté aux besoins. Il n’y a pas de mélange type !

Dans les régions sèches et venteuses, le mélange serra moins drainant, plus fin pour bien capter l’humidité, dans les régions pluvieuses il serra évidement plus drainant.

Mais les mélanges seront aussi différents selon l’étape de la vie de l’arbre. Si on veut le faire pousser, le faire grossir ou bien former une fine ramification, suivant l’age de l’arbre.

Si l’on veut un développement fort et rapide, que l’arbre fasse du vert, le substrat serra bien drainant et de plus grosse granulométrie. A l’inverse, pour un arbre déjà formé ou l’on veut former une ramification fine, le mélange serra plus fin. Les racines ont besoin d’oxygène pour favoriser l’assimilation et la transmission des nutriments.

De manière générale, un PH neutre est recommandé, sauf pour les plantes acidophiles (azalée….)

Le mélange doit avoir une granulométrie assez définit, par rapport évidemment a l’arbre et la taille du pot.

Plus on doit arroser du fait d’un mélange très drainant, plus on apporte des nutriments et donc plus l’arbre pousse, sans toutefois aller dans l’arrosage à l’excès qui outre le fait du risque de pourriture des racines, favorise des feuilles plus grandes, des entre-nœuds plus longs, ce qui est l’inverse du but recherché.

Les principaux éléments pour former un mélange terreau sont :

  • La Pouzzolane C’est une roche volcanique très poreuse mais qui retient un peu moins l’eau.

  • La Pumice Pierre ponce retenant mieux l’eau que la pouzzolane et à peu près autant poreuse.

  • Graviers fin de rivière « Sable » de nos rivières, tamisé moins poreux et retenant moins l’eau que les éléments ci dessus.

  • Ecorce de pin composté Pour favoriser l’apparition des mycorhizes, très important voir indispensables pour les conifères.

  • L’Akadama Terre argileuse japonaise vendue sous forme de petits gravillons dur retenant bien l’eau, laissant les racines respirer.

  • La Kanuma A peu près identique à l’akadama mais acide donc pour les azalées etc...

  • Le Kyriu Gravier de rivière japonais. Surtout esthétique.

On tamise les différents éléments du mélange en ôtant les poussières et les grains trop gros, les impurtées éventuelles

se trouvant dans le mélange. La pouzzolane et la pumice seront bien bassinées et nettoyées de leurs impurtées. On n’aura pas besoin de mélanger la pouzzolane avec la pumice, ils ont les mêmes pouvoirs. La pouzzolane serra plutôt utilisée pour les pins, buis, ifs. La pumice elle servira surtout pour les genévriers, feuillus.

L’akadama se délite plus vite dans les régions humides que le mélange pouzzolane/gravier. L’akadama est une argile volcanique qui est recommandée pour un arbre déjà établi, dans un pot définitif, qui a déjà une belle ramification.

S’il pleut beaucoup, on augmente le taux de gravier dans le mélange. Si on est dans un climat sec et venteux, on augmente le taux de pouzzolane ou de pumice.

Nous pouvons conclure en disant qu’un mélange basic serra composé de pouzzolane ou pumice mélangé avec du gravier de rivière, contenant plus ou moins 10 % d’écorce de pin composté. Personnellement, je rajoute toujours un pourcentage d’akadama à se mélange. Mais, là encore beaucoup d’avis diffèrent et certains utilisant de la « terre de jardin » ou de la tourbe dans leur mélange ont de bons résultats.

Comme nous avons déjà vu, suivant son climat, son pot, sa fréquence d’arrosage, les mélanges peuvent varier et il n’y a pas de recette miracle !


Granulométrie

La granulométrie du mélange est différente donc suivant le degré de culture de l’arbre ou la grosseur du pot .

Un mame dans son pot « définitif » n’aura pas la même granulométrie qu’un gros prélèvement fraîchement acquis mis dans un gros contenaire de culture.

En règle générale, on tamisera et enlèvera les poussières inférieures à 2 mm ainsi que celles supérieures à 6 ou 7 mm.

Nous mettrons en général une granulométrie plus forte au fond du pot pour renforcer le drainage. La plus fine sera employée pour l’arbre lui-même. Ceci étant valable pour des pots relativement grands car pour des shohin, le pot est trop petit pour vraiment dissocier le mélange.

Le matériel de base

-Une bonne paire de ciseaux aiguisés pour les fines racines.

-Une pince plus grosse pour les grosses racines.

-Des petits grillages pour les trous de drainage du pot.

-Une petite baguette ronde et fine.

-Du fil de ligature de différents diamètres pour maintenir les grillages au pot et l’arbre en lui-même au pot.

-Du mastic de cicatrisation pour fermer les grosses plaies de racines.

-Le futur pot si cela est nécessaire.

-Le mélange terreux établi en fonction de l’arbre et du pot.


Méthode principale de rempotage

Avant le rempotage

La première des choses à faire est de savoir quel arbre il faut rempoter. On regardera souvent l’écoulement de l’eau par les trous de drainage, la composition du mélange (on peut planter l’ongle dedans pour voir si il est devenu trop dur) ou l’état du pain racinaire( si l’arbre n’est plus fixé au pot, on enlève la motte de ce dernier et on regarde l’étendu et la couleur, la santé des racines). On le regardera ensuite attentivement, tournant ou inclinant le pot à la recherche d’une meilleure face éventuelle. On notera donc au fil de la saison les arbres devant êtres rempoter au printemps et leurs changements éventuels de face ( un petit bâtonnet planté dans la terre devant la nouvelle face est le meilleur moyen de s’en rappeler).

On prendra soin d’avoir préparé son mélange terreux. Cela peut être fait un ou deux mois avant le rempotage et le mélange serra placé dans un endroit frais et sec.

On choisira aussi, en fonction de la masse de racines et de ce que l’on veut faire de l’arbre, le pot le plus adapté (on peut tout à fait, si cela est faisable, conserver le même pot). On aura aussi préparé le futur pot en prenant soin de fixer sur les trous de drainage un petit grillage pour éviter que trop de terre ne s’évacue en même temps que l’eau. On aura aussi fixé sur le pot des fils qui, lors du rempotage, serviront à fixer l’arbre au pot. Une fois rempoté, il ne faut pas qu’il bouge !! Si la décision de rempoter l’arbre est prise, il faudra avoir sous la main tous les éléments nécessaires au rempotage. Moins les racines seront à l’air et sécheront, mieux l’arbre se portera.

Le rempotage

La première action consiste à nettoyer le pin racinaire de toutes les racines mortes et autres saletés.

Il faut ensuite « peigner » le pin racinaire avec une petite griffe pour le démêler. On utilise aussi une baguette que l’on plante entre les racines pour ôter la terre.

Une fois le pain racinaire nettoyé et bien démêlé, il faut sélectionner les racines et couper ou réduire celles qui sont en trop. Celles qui se trouvent sous l’arbre et poussent à la verticale seront coupées s’il reste suffisamment de racines. Nous couperons les racines trop longues ou il n’y a pas de chevelu. Le but est de réduire la motte racinaire, de la compacter et d’essayer à chaque fois qu’elle soit plus plate et étalée. Pour les cas difficiles, on utilisera un jet d’eau pas trop fort pour ôter la terre trop vieille ou collante qui se trouve sur les racines.Bien mastiquer les racines coupées pour éviter la pourriture.Bien préparer le nébari en coupant les racines de surface qui se croisent, qui sont inesthétiques. On pourra même être amené à ligaturer certaines racines pour leur donner la forme future voulue.

Au fond du pot, nous placerons la couche de drainage, plus épaisse que le mélange choisi et nous ferrons un petit monticule de terre à l’endroit ou nous aurons choisi « d’asseoir » l’arbre. Nous prendrons bien soin de bien placer l’arbre par rapport à son pot en étalant les racines autour du petit monticule de terre et nous tasserons l’arbre dessus. Il faut faire attention de bien placé la face de l’arbre ainsi que son inclinaison ( la tête de l’arbre doit se diriger vers celui qui la regarde, lui faire une « révérence »). On se servira des fils placés sur le pot pour bien maintenir l’arbre en position. Ensuite, il faut remplir le reste du pot avec le mélange terreux par petites actions successives en faisant bien attention aux racines. Une fois le pot rempli, il faut bien s’assurer qu’il ne reste pas de poches d’air sur les racines, on tassera le mélange en le faisant pénétrer avec une petite baguette de bambou. Si cela est nécessaire on placera sur le dessus une couche de mélange différente pour l’esthétique ainsi qu’une petite couche de mousse de sphaigne finement hachée pour conserver une meilleure humidité après le rempotage.

On arrose l’arbre abondamment mais en faisant très attention, jusqu’au moment ou l’eau s’écoulant des trous de drainage est devenue claire. (Evacuation des poussières éventuelles). L’arbre sera placé à mi-ombre pour un mois ou deux en le mettant à l’abris du vent et des courants d’air qui peuvent lui être fatal.

Important:
On n’apportera pas d’engrais à l’arbre fraîchement rempoté avant un mois, au risque de bruler les racines, fraichement coupées.